à mon petit Mamadou et à la mémoire Sidika
Lors de mon huitième séjour en février 2018, j'avais consacré un petit article à Mamadou, cet enfant guéri de la varicelle.
Dès mon retour lors de ce neuvième séjour, je ne manquai pas de visiter toute la grande tribu du petit Mamadou (5 ans)
A nouveau, un petit drame, l'enfant hurle et marche très difficilement: il a marché sur un charbon de bois incandescent! brûlure second degré + infection, il faut agir vite avec prudence, désinfection avec l'Iso-Bétadine puis administration d'un antibiotique liquide à prendre trois fois par jour (la maman a compris de remplir la mesurette jusqu'au chiffre 5)
application d'une crème antibiotique - pansement stérile et bandage 2 fois par jour, je le reverrai d'ici 3 jours, la guérison prendra du temps...
Mamadou, petit garçon espiègle, tes souffrances vont s'atténuer dans les jours qui viennent... L'imprudence parentale doit être soulignée...
photo d'emprunt
Lorsque je le soignai de la varicelle, il était très craintif de moi, peut être ma peau blanche l'apeurait-elle, aujourd'hui, tout est disparu, on dirait que l'enfant m'a apprivoisé, du bonheur tinté de sa souffrance passagère.
je m'occupe de toute une tribu à Saly, mon petit Mamadou s'est guéri, parti dans un autre coin de Saly soigner un autre membre de la même famille, Sidika, jeune , cancer du péritoine stade final, ne peut plus marcher, ne mange plus, souffre, je suis allé chaque jour m'étendre près de son lit, seul remède, les anti douleurs degré 1 avant la morphine faible... (sur conseil de mon ami médecin) ventre gonflé, hier, je lui ai dit de boire du lit caillé, il m'a dit de sa voix fluette "il n'y a plus de place".
Vendredi, je craignais l'issue fatale, je n'ai pas dormi attendant un coup de fil de son petit frère.. rien
Je l'ai revu samedi matin, les calmants n'avaient plus aucun effet.
Ce dimanche appel de la famille: "Sica à rejoint le paradis d'Allah", il est décédé à 15 heures il a été enterré le soir même, (ici lorsqu'une personne meurt, on ne fait pas dresser de constat de décès par un médecin...)
Ce dimanche, je me trouvais au milieu de sa grande famille, (300 personnes) les femmes à l'intérieur assises en rond sur un grand tapis, tristesse, à chacune, présentation des condoléances: "siggil nadigaale"
en langue wolof. Dehors à même la large ruelle de sable dressée les unes derrière les autres, trois grandes tentes qui protègent du soleil, un foule assise, silencieuse qui écoute les longues litanies des sages qui prennent la parole tour à tour, le tout entrecoupé de long murmures plaintifs discrets.
Des femmes font des vas-et-viens, grand plateau sur la tête pour préparer le repas pour chacun, versement d'oboles inscrites dans un grand cahier bleu par le petit frère. Le vieux sage de la tribu du petit Mamadou vient m'accueillir, je m'assieds et écoute les longues prières, l'essentiel se trouve dans la puissance d'Allah qui rappelle un jeune homme le libérant de souffrances inutiles et l'accueillant dans son paradis.
Sidika avait à peine 24 ans..
La vie ne tient qu'à un fil.
PS; demain, je me recueillerai sur sa tombe au cimetière musulman de Saly en compagnie de son jeune frère. Nous ferons une prière musulmane commune et je bénirai sa tombe du signe de la croix catholique.
Ici, la Vie et la Mort se côtoient chaque jour.Allah Akba.
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