Mon collège a perdu sa splendeur d'antan...(1)
Force est de constater que l'abbé Selvais, en quittant ses fonctions, entrait dans l'histoire; aucune des directions qui lui succéda, n'eut ni la passion, ni le talent, ni le sacerdoce de poursuivre son oeuvre: "diriger une école qui ,tout en s'adaptant aux nouvelles réalités du monde moderne, humanise les rapports entre ses acteurs.
Au contraire, tout s'est peu à peu dégradé, effiloché, laissant les profs à eux-mêmes, à leur nouveau destin de rivaux disgraciés des vedettes télévisées.(voir article "mais qu'est-ce que tu fais,là, plantée, petite fille?"
L'enseignement moderne fabrique des somnambules!
Les enseignants, contrairement aux belles directives pédagogiques, n'y sont plus acteurs.
Dès qu'un professeur se retrouve en face de parents d'élèves hargneux et disgracieux, les directions ont toutes capitulé préservant d'abord leur propre image en sacrifiant l'honneur de leurs professeurs.
Par ces quelques réflexions, je souhaite vous permettre de mieux cerner les difficultés actuelles qui naissent surtout de cette capitulation des directions devant le clientélisme que constitue le monde parental.
Dans ce monde enseignant, tout est superficiel, depuis la visite de mon collège par les élèves des classes de 6ème primaire de l'entité, en passant par l'accueil des nouvelles recrues, jusqu'aux délibérations des "conseils de classe". Tout y est orienté...
on l'accueille dans des locaux dits spécialisés (local de sciences,salle de gymnastique avec mur d'escalade, et surtout le CCM (local d'informatique) en passant par certains locaux du monde hôtelier et la visite se termine en apothéose par un "morceau de tarte aux abricots..."
Dès les premières brumes de novembre,si ce lui-ci se perd dans le dédale des couloirs, il encourt le risque de se faire rapidement "rabrouer", l'accueil, la "pédagogique hospitalité" a très tôt volé en éclats...
pour former la classe de la prochaine année plane sur l'assemblée des professeurs.Au besoin, dans l'une ou l'autre section de l'école (enseignement technique) on s'évertuera à créer de "nouvelles sections au rabais" qui serviront à récupérer les élèves rejetés de l'enseignement général. Toutes les sections dites "fortes" latin-grec/latin-math... vont petit à petit s'étioler au profit de nouvelles orientations à la mode: informatique-langues...
L'école de demain est sur les rails...
Les professeurs ont le devoir d'aider l'élève dans ses lacunes,dans son indiscipline, dans son comportement caractériel.
Le premier choc que doit subir l'enseignant, aujourd'hui, c'est l'indiscipline!
Jeunes enseignants, vous devez apprendre à enseigner dans le bruit et l'insolence, vous devez apprendre à vous heurter à des résistances hostiles!
L'école ne pénalise plus...
Jamais, on a donné autant de chances de réussites à nos élèves, jamais, on a récolté autant d'échecs dans toutes les matières.
L'école a troqué les nécessités de la contrainte contre les illusions de la liberté qui a conduit inévitablement au laxisme le plus pure...
Tout au long de mes années sous le directorat de l'abbé Selvais, j'ai pu constater combien ce directeur jouait pleinement son rôle d'arbitre dans les débats entre professeurs.
Le titulaire de classe se chargeait d'énumérer les résultats de l'élève et de soumettre les branches en échec au débat de ses collèges.En premier lieu, on demandait l'avis du professeur de la branche en échec avant de donner la parole aux autres collègues.Certains cas donnèrent des débats extrêmement longs et animés.On ne passa que très rarement au vote à main levée, dans les cas de 50/50, Monsieur le Directeur apportait sa voix au bénéfice de l'élève et l'on passait à l'élève suivant.
Aujourd'hui, il n'y a plus de débat, les titulaires ne jouent plus leur rôle.L'avis des professeurs se trouve régulièrement confisqué.Les résultats de l'élève apparaissent sur grand écran et la direction commente, analyse, soumet ses réflexions et ses décisions à une assemblée endormie.Quelle tristesse!
"favoriser la circulation des informations des différents acteurs de l'école"
A mon sens, c'est un tout grand défi car cela ne fut jamais de mise: les professeurs ont toujours été tenus à l'écart des problèmes individuels et particuliers de leurs élèves, il faut parfois attendre le conseil de classe de juin pour entendre de la part de la Direction ou de l'un de ses acolytes (préfet ou surveillants) que tel élève souffre de telle affection, que tel autre se trouve dans une relation familiale précaire, que celui-ci est autiste, mal entendant, exclu d'un autre établissement scolaire.
Cette rétention d'information prive le professeur de toute démarche pédagogique adaptée
aux problèmes particuliers de ses élèves.
Le cas de l'élève diabétique est répandu dans beaucoup d'écoles:
Conscients du problème, dès l'inscription les parents donnent l'information mais celle)ci n'est que très rarement relayée chez tous les professeurs, un professeur de gymnastique punira inconsciemment cet élève parce qu'il mange avant son cours...
La discipline et les sanctions!
Dans mon collège, lors des journées pédagogiques, on s'est toujours évadé sur des thèmes éloignés de la réalité quotidienne, c'est ainsi qu'on n'a jamais pris la peine de réfléchir sur l'incidence des sanctions chez nos élèves.
Il faut dire que mon collègeest très pauvrement créatif en matière de sanctions,la seule en vogue depuis des décennies est la célèbre "retenue".
Elle exige que l'élève soit présent le mercredi après-midi à l'étude et accomplisse un travail qui sera remis dans le casier du professeur.
Chaque mercredi, c'est une foule d'élèves qui envahit la grande salle d'étude, certains en sont des abonnés acharnés.
Force est de constater que cette sanction n'a aucun impact sur l'amélioration du comportement de nos élèves.Il faut dire que les motivations du billet de retenue sont parfois assez fantaisistes: "change son banc de place au cours"..."ne s'est pas présenté à l'étude le matin"(Je parle d'un brave scout - élève hôtelier de fin d'études...)
Tous les matins, dès que l'élève met le pied dans la cour de récréation, c'est pour se rendre à la salle d'étude où un premier appel des présences est établi.Cela doit être très vivifiant pour un jeune élève de septembre d'entendre cette longue litanie matinale...
Jadis, cette mesure partait d'une bonne intention: l'étude du matin était l'occasion pour l'élève de revoir sa matière, de préparer une "interro" du jour.
Actuellement, cela n'est plus de mise.La salle d'étude n'est que le rassemblement des présents.
Ces présences sont d'ailleurs strictement inutiles puisque les surveillants passent le matin et l'après-midi dans les classes.
Il serait bien plus pédagogique de donner à nos élèves l'occasion de se retrouver le matin, de discuter de leurs activités, de leurs projets du weekend...
Il faut ajouter que, dès 8h15, lorsque la cloche retentit, les élèves sont "lâchés" par groupe de classe avec le professeur qui a été chargé de venir les chercher (Cette mesure vaut pour les classes du cycle supérieur) les élèves du 1er cycle vont en classe sans leur professeur.Quelle aberration!!
Les professeurs doivent apprendre à se noyer dans le flot d'élèves, ils doivent se baigner dans l'égalitarisme de masse.
C'est extraordinaire, il faut voir ce flot d'élèves sortant de l'étude par la seule porte qui sert aussi d'entrée pour les petits élèves de l'école primaire, je ne vous dis pas les entrechoquements et les bousculades.
Heureusement,certains professeurs ont appris à se faufiler habilement dans cette marée humaine.
Celle-ci ne vaut que pour les élèves qui n'ont pas cours sur le temps de midi; comme l'école se trouve assez éloignée du centre-ville... chaque midi, de petites grappes d'élèves se retrouvent sur le trottoir de notre école, c'est très vivifiant!
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