Le zébu d'Afrique
Dans mes longs séjours chez mes peuls j'ai toujours été frappé du fait qu'ils ne sacrifient que rarement un des membres de leurs troupeaux et aussi du fait qu'ils ne font aucune sélection entre le nombre de mâles et de femelles.
Seules quelques rares occasions festives comme la Tabaski, un mariage ou un baptême offre l'occasion de sacrifier un ebête du troupeau qui servira à nourrir tout le village.
En fait, leur unique richesse est leur bétail. le zébu est une race de vaches à grandes cornes en fore de sabre. Ces vaches sont donc très rarement abattues, elles sont sacrées, les peuls se nourrissent de leur lait dont elles font le "sow" ou lait caillé qu"elle vendent sur le marché de Dakar.
Le zébu est une référence universelle: il permet de mesurer la richesse, le prestige, le pouvoir. Plus on a de zébus, plus on est riche, plus on est riche, plus on a de pouvoir.
Les peuls, je les ai si souvent vus assis devant leurs cases et regarder leurs troupeaux paître.Ce spectacle les emplit de bonheur et de fierté.
Au Sénégal, les habitants de Dakar ont-ils peur des zébus ? Oui, car les têtes de bétail divaguent librement dans les rues de la capitale à la recherche du moindre fourrage mais aussi parce qu’on les dit sacrés ! La VDN, axe principal pour entrer et quitter Dakar, est souvent embouteillée et devient impraticable quand des zébus s'en mêlent. A l'heure de pointe, Khalil Toure, comme d'autres, se retrouve bloqué. « Moi, je n’ai pas de problème avec les vaches mais leurs propriétaires pourraient au moins les canaliser pour que les vaches ne causent pas de dégâts aux usagers », demande Khalil Toure. Le troupeau se faufile entre les voitures mais ni l'agent de police, ni les passants, comme Razak Baye, n'osent faire partir les zébus. « Oui, c’est un problème mais on essaie de vivre avec.
Les vaches sont là depuis les années 50-57-58. Il paraît même que leur propriétaire n’existe plus. Il est mort depuis et il paraît qu’il a fait quelque chose de mystique sur les vaches. On a peur de les toucher », explique-t-il. A la nuit tombante, les zébus s'enfoncent dans le quartier de Ouakam. Mamadou, 60 ans, gardien, les laisse passer. « Les vaches sortent et rentrent d’elles-mêmes. Très libres, très libres… je ne sais pas, je n’ai jamais vu de berger avec », souligne-t-il. Birame Sow vit au fond de la zone. Les zébus entourent ce marabout dont le rôle est de protéger les animaux.
« Chacun a ses propres grigris concernant ces vaches. Pour protection, il y a tout dedans. Il y en a qui font que quand tu touches leurs vaches, tu deviens fou ; il y en a même qui font que quand tu touches leurs vaches, tu vas mourir », dit ce marabout. Légende pour éviter les problèmes ou bien réalité ? Les zébus sont en tout cas tranquilles car les agents des communes, censés parquer toutes les têtes de bétail en liberté, n'osent pas les approcher.
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