Dieu est un fumeur de havane
Ce jeudi 15 février j'aurai vraiment véu ma première tempête de sable sur le sol d'Afrique.
En fin d'après-midi, les températures sont subitement descendues annonçant un vent de tempête...300 km/heure, en fin d'après midi, on entend déjà les premières rafales de vent violent accompagnées de nuages de sable qui tournoient et montent dans le ciel obscurci.
Ici, tout est soudain, on dirait que les éléments naturels ne supportent pas la préparation.
Pas question de mettre un petit doigt dehors, la poussière de sable empêche d'apercevoir les maisons d'en face, la nuit tombe sur Saly, les coupures électriques sont incessantes, parfois, cela dure quelques minutes, parfois un quart d'heure, parfois une nuit ! Ce soir, les « va-et-vient » électriques sont incessants. Les livebox s'époumonnent de se réinitialiser. Les strip-teaseuses sont rhabillées.
Maintenant tout est noir, l'éclairage public vacille et agonise. On se calfeutre chez soi, le sable s'infiltre partout car les maisons d'Afrique ne sont pas isolées, personne ne s'aventure dehors...des tôles d'abris de fortune de la cité noire peuvent être arrachées par le vent, virevolter dans l'air ambiant et vous décapiter sur leur passage.
Les soirées à la chandelle font resurgir les souvenirs de l'enfance villageoise.
Sans électricité, pas d'eau donc plus de douche ni de chasse d'eau... on ressort les seaux d'eau du puits, les frigos et les "congélos" en profitent pour se réchauffer, la télévision est devenue muette comme une taupe.
Tous les relais entre les hommes disparaissent peu à peu.
Le réseau d' Orange s'est tellement affaibli que les communications téléphoniques se paralysent. Facebook est devenu introuvable, la grande toile du net s'est soudainement déchirée..
Les banques, les distributeurs automatiques sont à l'arrêt. Les boulangers s'affairent à activer les feux de bois. Seuls les goupes électrogènes des grands complexes hôteliers vrombissent à qui mieux mieux.
Les batteries des ordis se vident de leur charge et pâlissent les écrans., le mode « économie d'énergie » est inopérant. Les machines à lessiver ont décidé de suspendre leurs programmes.
Les derniers moustiques de l''hivernage ont pris la fuite. Les ventilateurs ont rendu l'âme.
De nombreux noirs se préparent à passer une nuit blanche...
Demain matins des dizaines de paillotes dans la grande cité noire , vouées la nuit durant à la vindicte de l'ouragan, se seront écroulées comme des châteaux de carte, happées comme par la gueule d'un hyppopotame.
Ici en Afrique, tout est provisoire, passager, léger et misérable. Le moindre village, la moindre culture, la moindre route sont à la merci d'une destruction fulgurante..
Les vagues houleuses de l'océan démonté auront certainement encore arraché des lambeaux de zone côtière. Demain matin, des milliers de pirogues de pêcheurs feront la grève du zèle.
Dans neuf mois, la natalité sénégalaise explosera de quelque 1500 naissances supplémentaires sur la seule ville de Saly, tous les autres facteurs qui l'influencent feront place à la magie de l'ouragan.
Cette nuit sera plus longue que d'habitude, les fantasmes des humains vont retarder leurs rêves, demain, le grand soleil viendra peut être calmer les assauts de l'ouragan et les ardeurs des hommes..
Dieu est un fumeur de havane...
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