Awa , de la joie illusoire à l'atelier de couture
C'est le plus vieux métier du monde comme on dit. Les siècles et les millénaires ont passé et elle est toujours de rigueur Comme une tare congénitale et une excentricité de l’humanité. Sauf que celle qui était faite à Dakar pour des raisons économiques juste pour survivre à la paupérisation a pris les relents d’un enrichissement facile et rapide. La prostitution est devenue à Dakar une prostitution de luxe.
Aujourd’hui, la prostitution s’est modernisée. Elle est devenue plus classe plus luxe…avec un allié pas très net qui est l’internet et le téléphone portable. Des jeunes filles qui ont eu un certain niveau scolaire et peut être même un certain train de vie, mais qui veulent plus de adrénaline et de fringues.
Le net empêche le racolage et les rafles policières
Le net empêche le racolage. Au lieu de pavaner sur l’avenue Bourguiba ou au centre ville ou aux Almadies, il suffit de rester chez soi d’avoir une bonne connexion internet et de mettre ses annonces sur facebook ou encore sur certains sites sénégalais...
Avec ce modus operandi, la prostitution devient clandestine mais presque pas repérable. D’autant que la rencontre est programmée dans un appartement, et là on ne peut aucunement pas parler de racolage et ainsi échapper aux rafles policières par rapport aux carnets de santé que doivent détenir impérativement les travailleur du sexe. Il suffit juste d’entrer sur Facebook sur ces sites d’annonces dans les rubriques... noter le numéro, appeler, payer et faire l’amour.
J'ai rencontré Awa (nom d'emprunt) par El Hadji dans son atelier de couture à Dakar, nous avons été invité chez elle dans le minuscule appartement où elle vit avec son mari et ses 2 enfants. Un jour, devant un verre de thé et une "gazelle" à Saly, dans toute la pudeur de son âme, elle me livra son histoire...
A la fin de son adolescence, vers ses 17-18 ans, elle avait soif d'aventures et d'argent. Grandie dans une famille plutôt rigide, elle entretenait des rapports assez tendus avec ses parents. Elle fit des fugues successives, traînant des journées dans le quartier des prostituées de Dakar. Le filles lui apprirent le métier, parfois, elles la logeaient chez elles la nuit. Elles la dorlotaient. De retour dans sa famille, Awa inventait une sortie chez des amies. Cela se termina mal car du trottoir de Dakar, elle fut prise par une patrouille de police qui la ramena au bercail où elle subit les foudres parentales.
Sa copine témoigne: " ''Je vis seule, avec ma mère. Elle avoisine les 70 ans et je n’ai pas de travail pour l’aider. Aujourd’hui, le peu que je gagne, en une nuit, peut nous nourrir pendant une semaine. Car, je peux gagner parfois 30.000 francs, la nuit'' (45 euros)
Voici ce qu'Awa pense de ce métier qu'elle abandonna:
‘’Si le métier est aussi dur et précaire pour une grande partie des prostituées, ce n’est pas uniquement lié à la nature de leurs activités. Selon Awa, il y a beaucoup d’intermédiaires, tenanciers, propriétaires, gérants de bars qui, malgré la législation en vigueur, se sucrent sur le dos des femmes. ‘’Cette situation était intolérable pour moi. Cela me révoltait profondément. Il me semblait que c’était là que résidait la véritable prostitution, l’asservissement des femmes au profit des hommes.’’
"Lorsque des jeunes filles inexpérimentées se lancent sur le trottoir, elles sont très souvent inconscientes. Elles prennent des risques inconsidérés, ont des rapports tarifés avec des hommes alcoolisés ou drogués sans avoir conscience du danger. Dans ce métier comme dans toute autre activité, l’expérience permet de se préserver. Je n’ai jamais accepté un client lorsque il était sous influence et je savais me fier à mon instinct."
Depuis 4 ans, Awa est sortie de ce métier, elle est propriétaire d'un grand atelier de couture à Dakar avec 7 employés, elle rencontra son mari et ils ont 2 enfants. Awa n'oubliera jamais cette misérable vie...
"Si c’était à refaire, je ne le referais plus jamais car ce n’est pas un noble métier. On perd toute sa dignité à cause de ce métier. La preuve, il m’est arrivé, dans un supermarché, de rencontrer un de mes anciens clients qui me demanda mon numéro, pensant peut-être que j’étais toujours dans le métier. Je ne lui ai même pas répondu et ai fait semblant de ne pas le connaitre.’’
La prostitution «professionnelle» touche assez peu de femmes (leur nombre est évalué par différents organismes à moins de 8000 sur l'ensemble du territoire).
Il est également à noter une augmentation de la prostitution dans les zones touristiques telles que Saly. Certains grands hôtels (de grandes chaînes internationales...) font fonctionner ouvertement leur night-club avec cette prostitution. Cette activité a explosé ces dernières années avec la baisse des prix des séjours et la venue de touristes sexuels.
Un deuxième type de prostitution réside dans la misère de certaines femmes, particulièrement en ville. Pour un certain nombre de femmes pauvres, célibataires ou veuves avec ou sans enfants
Au Sénégal voit de plus en plus de femmes ou de jeunes filles (souvent étudiantes) pratiquer une quasi-prostitution pour arrondir les fins de mois ou accéder à un mode de vie supérieur. A Dakar en particulier et dans l'ensemble du pays, une catégorie de jeunes filles échangent leurs charmes contre de petites sommes d'argent pour acheter des pacotilles, perruques et vêtements coûteux.
Il existe une prostitution masculine au Sénégal. Elle est concentrée à Dakar et dans les zones touristiques. L'homosexualité est un délit au Sénégal. Elle est en théorie punie par la loi. Régulièrement, des faits divers paraissent dans la presse et relatent des affaires de moeurs de ce type. Si la majorité des clients des prostitués masculins sont des étrangers (Européens pour la plupart), certains Sénégalais font également partie de leur clientèle.
Les prostituées sont plus près de Dieu que les femmes honnêtes : elles ont perdu la superbe et dépouillé l'orgueil. Elles ne se glorifient pas du néant dont la matrone s'honore. Elles possèdent l'humilité, qui est la pierre angulaire des vertus agréables au Ciel. Il leur suffira d'un court repentir pour y être les premières, car leurs péchés, sans malice et sans joie, portent en eux le rachat et le pardon. Leurs fautes, qui sont des douleurs, participent des mérites attachés à la douleur. Asservies à l'amour brutal, elles se sont privées de toute volupté, et elles approchent par là des hommes qui se sont faits eunuques en vue du royaume de Dieu. Elles sont comme nous des coupables, mais la honte coule sur leur crime comme un baume, la souffrance le purifie comme un charbon ardent. C'est pourquoi Dieu entendra le premier regard qu'elles lèveront vers lui. Un trône est préparé pour elles à la droite du Père.
Citation de Anatole France ; Le Lys rouge (1894)
Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien faible, comparé à cette ineffable orgie, à cette sainte prostitution de l'âme qui se donne tout entière, à l'inconnu qui passe.
Citation de Charles Baudelaire ; Le spleen de Paris, Les foules (posthume, 1869)
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