Dieu a-t-i quitté l'Afrique?
Août 1999, Bruxelles. Deux adolescents guinéens sont retrouvés morts dans le train d'atterrissage d'un avion en provenance de Conakry. Comme eux, chaque année, des milliers de jeunes Africains risquent leur vie pour fuir le continent. Bouleversé par ce phénomène, le réalisateur d'origine sénégalaise Musa Dieng Kala retourne à Dakar pour tenter de comprendre. Il suit cinq jeunes adultes cherchant à émigrer coûte que coûte et montre l’indifférence internationale, le désengagement des dirigeants africains, une société vidée de ses ressources.
Dieu a-t-il quitté l’Afrique ? de Musa Dieng Kala BQHL éditions Comprendre les raisons des prétendants à l’exil vers l’Europe. Quelle est cette force qui pousse les candidats à un départ clandestin pour l’Europe, au point de tout quitter et de risquer leur vie ? Quelle est la mesure de leur désespoir pour en arriver à une telle extrémité ? La question qui sous-tend ce documentaire est on ne peut plus pertinente ; nous sommes nombreux à nous l’être déjà posée, sans avoir pu obtenir de réponse. Les motivations et les risques Musa Dieng Kala fait ainsi œuvre de sociologue sans en épouser la méthode : sa caméra suit quelques destins exemplaires et tente de montrer les étapes qui précèdent le départ : refus des ambassades européennes à attribuer un visa, risques d’en acheter un au marché noir, difficulté de trouver un capitaine prêt à traverser la Méditerranée. A travers le destin de jeunes désœuvrés dans un quartier de Dakar, Kala montre comment se construit progressivement l’idée de l’exil : impossibilité de trouver un travail, défiance totale envers les élites locales, sentiment d’abandon. Grâce à des images d’archives de pirogue échouées ou de corps d’enfants retrouvés dans le train d’atterrissage d’un avion en provenance de Conakry, le réalisateur rappelle au spectateur le prix à payer et le risque que ces émigrés clandestins endurent. zoom Un drame africain vu par un réalisateur africain Pour une fois, le thème de l’émigration clandestine est abordé du point de vue d’un Africain. Le fait que Musa Dieng Kala revienne dans son propre quartier, un lieu qu’il connaît visiblement bien permet une identification plus forte à ces personnes en quête d’exil. Mais si le propos est doté d’un sentiment d’indignation très sincère, ce film dépourvu de commentaire ne permet pas d’approfondir la réflexion politique sur une des plus grandes tragédies de notre siècle. Ce témoignage poignant et nécessaire n’est pas vain, mais on attendait d’un documentaire visiblement animé d’un vrai sentiment d’empathie qu’il soit force de propositions, fussent-elles irréalistes. Dans l’entretien que nous vous proposons ici, Kala lance un cri du cœur aux dirigeants africains pour qu’ils traitent eux-mêmes le problème. Peut-être aurait-il été utile de faire part de ce coup de gueule dans le film… Romain Dostes
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