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Il n'est pas de montagne plus haute que les marches de l'oubli

Mes premières activités, les rêves des jours prochains

Lorsqu'on s'immerge dans la grande cité noire, le plus difficile est de changer la couleur de sa peau.. 

 

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Difficile aussi de quitter la vieille Europe avec sa vie trépidante, le brouhaha de ses grandes villes, le timing de chaque jour, cette folle course de nos cités jamais apaisées pour atterrir sur cette terre d'Afrique où les humains marchent à la cadence des éléphants...

 

Plusieurs jours sont nécessaires pour respirer la nonchalance noire. Ici, tout est apaisé: les hommes, les moutons, les chèvres, les zébus vont et viennent, tranquilles, ICI, ni les humains, ni les animaux ne courent après le temps...le sol est jonché de pétales de fleurs qui n'en finissent jamais de refleurir...

 

ICI,  il n'y a pas d'hier ni de demain.

 

Bref l'acclimatation prend plusieurs jours et on passe du blanc au noir, du froid au chaud, du stress à la quiétude, du temps minuté au temps qui ne compte plus.

 

Il y a encore toutefois quelques hommes blancs qui ne peuvent échapper à leur peau...les autres sont parfaitement noirs!

 

ICI, les rêves ne font pas partie de l'avenir des hommes,

ils se vivent dans l'instant, jour après jour.

 

Les premiers petits soucis se résument à l'installation dans la nouvelle villa, on pourrait croire au vu de mes photos que j'habite une villa cossue, rien n'en n'est, les propriétaires prennent grand soin à meubler à l'africaine, incomparable avec une villa européenne. Partout, les bougainvilliers envahissent les petites propriétés, ils étalent jusque dans la brousse environnante leurs myriades de fleurs bigarées.

 

L'installation, cela veut dire qu'il faut ranger ses menues affaires: vêtements, médicaments, livres, les lourdes valises qui trahissent encore la vapeur des soutes des gros boeings, se vident peu à peu de tout leur contenu.

Il y a des ampoules à changer, des tiroirs à remplir, les lits sont fait d'un seul drap de lit, il y a la vaisselle à arranger différemment, il y a des arbustes assoiffés à abreuver, il y a des serrures à changer, il y a aussi l'heure à changer sur les ordi, les tablettes, les portables, les horloges, les montres.

 

Ici, la nuit arrive et le soleil se couche chaque jour de l'année à la même heure.

 

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Très vite après l'arrivée, il convient de changer les euros emportés...au marché noir qui n'a rien d'illégal. Beaucoup de sénégalais troquent des CFA contre des euros et font ainsi quelque bénéfice, on peut changer partout, personnellement, je suis resté" fidèle à mon cambiste, musulman la cinquantaine, parfaitement honnête et sympathique. Le change se fait en rue, il est assis devant une petite table sur laquelle est posée l'armoire de ses CFA, il y a des paquets de billets, les liasses se font par dix, 1 billet entourant les neufs autres.

 

UN EURO = 655 FCFA

 

Le départ se fait sur un accord de taux de change, les gros montants sont plus avantageux (cela peut aller jusqu'à 660 CFA pour UN EURO (j'ai changé à 658...)

 

Attention! UN BILLET DE 200 EUROS vous donne des liasses de 10.000 - de 5.000 - de 2000 et de 1000

donc: 200x658 = 131.600CFA cela peut donc faire quelque 50 billets de CFA!.....

Changer 1000 ou 2000 euros remplit toutes vos poches...

 

Ici, personne ne fait des opérations de change dans les banques, il y aurait d'importants frais de change.

 

Certains conservent cet argent chez eux dans des cachettes réputées introuvables, ( l'important est toujours de bien retenir la nouvelle cachette quand on change d'endroit, moi, j'écris en Néerlandais le nouvel endroit , j'ai parfois cherché de l'argent dans des livres de la bibliothèque, les feuilletant un par un...)

Le plus sûr est bien sûr le coffre à code.

 

Je  sous-entends pas ici que le sénégalais est voleur, bien au contraire, il convient toutefois à ne pas "tenter le diable"

Si vous donnez un billet de 5.000 ou de 10.000 CFA à un sénégalais pour aller chercher de la monnaie, il revient...toujours!

 

Ici, les commerçants n'ont jamais de monnaie,

 

Cela va du petit magasin à la boulangerie ou le Casino...facile: il n'y a pas de fond de caisse, les premiers sous forment la monnaie du jour, un billet de 5.000 peut rafler très vite toute la monnaie du commerçant...les automates et les banques  débitent des billets de 5 et 10.000...Les gens ici utilisent les petits billets de 1000 et 500 ou les pièces de 100, 50 et 25.... (100CFA=0.15 cent d'euro  25CFA=0.038 euro!...)

 

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La dernière liasse = 100.000 CFA  150 euros...(2 billets européens)

 

D'autres et c'est mon cas, ouvrent un compte bancaire et dès l'opération de change terminée, portent cet argent à la banque, il sera retiré aux automates au fur et à mesure des besoins quotidiens... 

 

Hier, j'ai changé 2000 euros = 1 milion 316.000 CFA

 

J'ai porté 1 million à la banque CBAO (10 liasses de 10 billets de 10.000 (le reste servant au paiement du loyer et aux premiers frais d'installation. Bref, je suis rentré avec 316.000. L'après midi, voulant régler mon premier loyer, je m'aperçus être en possession de 216.000, gros soucis pour les 100.000 manquants.

 

Lors de l'opération de change, j'ai recompté tous les billets, parfait.

 

Je suis donc reparti à la banque, reçu par le directeur (muni de mon extrait, cela permet de cibler la caissière qui fit mon opération, celui-ci prit mon n° de tél. et il fallut attendre la fin de journée afin que les caissières "fassent leur caisse du jour"....vers les 18 heures, le coup de fil arriva, les 100.000 étaient bien à la Banque...fin de cauchemar, joie

 

Comment expliquer? la caissière est jeune et nouvellement engagée, elle recompta devant moi chaque liasse de billets de 10.000 sans en compter les liasses elles-mêmes, il y en avait 11...au lieu de 10...

 

Bref, aujourd'hui, je porterai diverses limonades au personnel de la banque ainsi qu'un pareo de plage en guise de remerciement à ma novice caissière...

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ICI, le bruit du tam tam est mille fois plus rapide qu'internet...

 

Dès mon atterrissage à Léopold Sédar Senghor, mon ami Pape m'attendait avec son taxi pour parcourir quelque 80 km jusqu'à Saly, je garde pour Pape une fidélité infaillible depuis toujours.

Surprise d'y retrouver aussi mon ami Belmondo qui venait lui aussi chercher quelqu'un. Belmondo est le pilier central de notre club catholique "Chez Etienne" où Marie Sarr tient son petit restaurant. La nouvelle de mon arrivée fut une traînée de poudre noire et blanche...Je me décidai à d'abord m'installer convenablement dans mon nouveau studio avant d'aller à la rencontre de mes nombreux amis de "Chez Etienne", cela prendra la semaine.

Déjà en Belgique, Marie Sarr m'avait prévenu que tout le monde m'attendait, il m'est parfois très difficile en même temps de conquérir les amitiés sans répandre sur ma petite personne un rôle de vedette qui ne me sied nullement.

 

La rencontre sera pour la semaine prochaine.

 

Aujourd'hui, je dois toutefois aller au coeur de Saly sur le "Boulevard Hauffmann" (une ruelle de sable au coeur de la grande cité) y faire quelques achats et notamment acheter le pareo de ma caissière, là, j'y rencontrerai inévitablement un tas d'autres amis qui, a leur tour colporteront la nouvelle de mon arrivée...

 

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Les jours à venir seront riches et porteurs de toutes les rencontres amicales et nourrissantes

                                                        puis viendra la grande rencontre avec mes amis peuls...

 

ICI, on n'en finit jamais d'aimer les hommes... 



11/05/2017
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