Une rentrée mouvementée au pays de France
Je suis rentré le 28 février 2015 comme prévu avec les dernières aventures de l'Afrique
Ma rentrée à Montignac est la rencontre d'une solitude avec toute sa tristesse et ses lassitudes
J'ai tout quitté, la petite négresse que j'aimais, le charme de ma petite villa, tous ces gens que je rencontrais chaque jour, la grande cité de Saly avec tous ses vendeurs, ses petites filles de charmes, ses sénégalais habillés de tous les costumes du monde, même ces moutons lâchés en pleine ville vagabondant de-ci de-là me manquent, j'ai quitté l'océan majestueux avec ses vagues d'écumes blanches, les longues plages de sable fin, les cocotiers, les palmiers couronnés, les fiers baobabs, les pirogues chantantes, les marchés de poisson, les bars et la bière Gazelle, les sons lointains de la RDC, les roulements de tam tam, la grande brousse sèche, les zébus, les troupeaux de moutons, le grand soleil d 'Afrique, le ciel infiniment bleu, les tempêtes de sable, mes amis peuls, leur simplicité, leur fraternité et mon amie, vous ne mesurerez jamais mon infinitude !!!
J'ai pris l'avion pour la France à Dakar, départ de Saly vers les 21 heures, la veille, j'avais pris deux verres avec mon amie au bar de ma cité, pour la dernière fois... un chant d'espérance.. .
Je vous disais que je suis parti vers 21 heures de Saly pour arriver à Léopold Sedar Senghor vers minuit, ma petite m'accompagna comme toutes les autres … avant elle...un dernier taxi, des dernières étreintes...un dernier au revoir à travers les gardiens de l'aéroport, barrières interdites au delà du ruban de corde dans la cour extérieure, baisers à la sauvette, un petit geste de la main et tout disparaît en une infime fraction de seconde... tout s'évanouit … la vie me donne ce que j'attends d'elle...
Comme deux corps qui prient
Infiniment lentement ces deux corps
Se séparent et en se séparant
Ces deux corps se déchirent
Et je vous jure qu`ils crient
Et puis ils se reprennent
Redeviennent un seul
Redeviennent le feu
Et puis se redéchirent
Se tiennent par les yeux
Et puis en reculant
Comme la mer se retire
Ils consomment l`adieu
Ils bavent quelques mots
Agitent une vague main
Et brusquement ils fuient
Fuient sans se retourner
On ne saura jamais ce qui parcoure nos cœurs et nos veines rouges... je l'ai perdue cent fois dans les vapeurs de Saly, elle rentrera blessée dans les parfums d'un autre, elle, elle m'aura fait changé la course des nuages...balayé mes projets, vieillir bien avant l'âge...elle m'entendra hurler que les diables m'emportent...Elle voudra que je pardonne et je pardonnerai...Elle ne sort plus de ma mémoire, elle priera jusqu'aux heures où personne n'écoute .. je l'écouterai me dire ses soupirs et ses dentelles...elle n'en sort plus de ma mémoire, elle danse derrière les étoiles et les brouillards... je compte les jours qui me restent pour revenir vers elle...
...et elle s'imagine que j'ai vraiment perdu l'amour d'une femme dans ma petite Belgique et que je l'aime toujours...Elle aussi.je l'ai perdue cent fois dans les vapeurs du monde et elle est rentrée blessée dans les parfums d'un autre...
Mais Nina, je n'étais rien et voici que je suis le gardien du sommeil de ses nuits...
Lorsque j'ai rencontré Nina, elle venait tout juste de quitter une modeste chambrette et s'était installée dans sa petite boutique de produits de beauté, tous ses habits, ses seuls biens, entassés dans de grands sacs en plastic.
Assise au bar de mon resto habituel, nous discutâmes, elle me compta son infortune et je lui proposai de l'héberger...pour quelques jours... elle arriva le 5 décembre et nous sommes le 28 février...
Le temps d'apprendre à se connaître, à se supporter, à s'aimer pour se déchirer dans un aéroport...
Engouffrement dans le grand hall de Leopold Sedar Senghor, passeport déployé de multiples fois, enregistrement des bagages, pesage, ticket d'avion, fiche de police...fouille, là, le contrôleur sénégalais me demande l'autorisation de transport de plantes : quatre petites plantes arrachées à la sauvette de la mangrove, un pot de piment au gingembre, un briquet, palabres, rudiments de wolof en guise d'attraction, ça marche, tout est remis dans mon sac en bandoulière sauf un rouleau de papier collant et le briquet...confisqué.
L'attente dans le grand hall est interminable, consultation des écrans de départ...enfin, le feu vert est donné, installation à l'arrière de l'avion siège 24C , un Boeing 737 de la compagnie Air Maroc (150 passagers – altitude 10.500 mètres température extérieure : - 42° vitesse au sol 848km/h
Vol de trois heures vers Casa Blanca – atterrissage – transfert en bus vers le grand hall, consultation des écrans de départ : surprise, l'avion de 7h20 en direction de Bordeaux a été supprimé depuis quelques mois, prochain départ à 11h50 arrivée prévue à Bordeaux à 15h05. Mes amis attendent mon arrivée à Bordeaux prévue vers 10h30 (je serai encore à Casa) impossible de les prévenir, je ne possède que mon portable sénégalais qui n'est pas reconnu au Maroc. Tant pis, 6 longues heures d'attente, je me dirige vers une des cafétarias bondées, il ne me reste que quelques billets de 10,000 CFA, aucun euro, cartes visa non acceptées je me suis résolu à boire quelques gorgées de Martini rouge acheté en free taxe glissée dans mon sac en bandoulière dans un plastic scellé.
Nouvelle fouille, des voyageurs s'étonnent du processus et l'estime inopérante à partir du moment où l'on n'est pas sorti sur le territoire marocain. N'empêche la mesure est intelligente : des terroristes peuvent camoufler des parties métalliques , se retrouver à l'aéroport, les réunir et reconstituer une bombe...pour le prochain avion
Embarquement vers Bordeaux pour un vol de 2 heures. La fatigue me gagne, court assoupissement avant un repas kant en klaar : un mélange de petites lamelles de viandes dans une mince soupe de légumes à la saveur très marocaine, un yoghourt, un coca ,café ou thé
L'atterrissage à Bordeaux laisse déjà présager le climat européen : ciel gris et pluie fine et perçante... la sortie de l'avion est l'entrée dans un frigo, de 39° à 10° !
Longue attente pour récupérer les valises sur le tapis roulant et puis rencontre avec mes amis qui sont toujours là depuis trois heures de temps.
En route vers la Guinguette de Montignac, déjà, les conversations fusent de toutes part : l'hiver lot et garonnais, les aventures africaines...un nouveau départ ?
L'arrivée à la Guinguette restera sans doute le plus pénible des souvenirs de ma vie. Vous me direz retrouver un chez-soi confortable au creux d'un petit village français, quel bonheur !
Et bien non ! D'abord, la maison non chauffée depuis six mois dont trois longs mois d'hiver est on ne peut plus glaciale, il faut allumer les inserts, mettre en route tous les radiateurs électriques après avoir rétabli l'électricité, des souris capricieuses et audacieuses ont envahi toute la maison en dépit de la nourriture que je leur avais réservé, ça et là jeté à même le sol des petits sachets de raticide
En quelques minutes, vous vous retrouvez face à vous-même avec votre solitude en ayant tout quitté, je m'imagine une rentrée dans la famille, quelle joie mais ici, je raconte mes aventures à des murs silencieux. La première nuit sera sans sommeil avec tous les rêves envolés de cette Afrique magique et généreuse.
J'ai quitté Nina, un amour de femme, lui laissant quelqu'argent pour l'aider à vivre le temps d'une courte séparation de trois semaines (le séjour français sera certainement plus long que prévu)
Ici, je ne dispose à ma rentrée d'aucun moyen de communication avec l'Afrique, ma ligne fixe et internet ont été résiliés par Orange, le seul moyen rapide est de m'approvisionner d'une mobicarte
coût des communication Europe-Afrique : 3,45 euros pour 42 secondes de conversation...
Oui, la solitude ….
En Afrique, on n'est jamais seul, on vit dans des résidence ou des maisons de cité et dès le petit matin, tout s'anime dans les ruelles de sable, chacun vous accoste du sourire matinal, le soleil fait partie de la rencontre et cela jusqu'aux petites heures de la nuit, des interminables poignées de mains, d'infinies conversations amicales et tendres. En Afrique, tout est rattaché , les hommes, les animaux, les uns aux autres, ici, tout est détaché, tout est déraciné, chacun vague à meubler sa solitude.
Et l'on se retrouve sur le territoire de France avec une correspondance de six mois, de multiples relances d'une administration française ingrate, idiote et inhumaine, des lettres recommandées restées sans suite et sans provenance, des taxes qui n'en finissent pas de s'ébouriffer...
On ne peut jamais oublier l'Afrique, elle est l'avenir du monde, elle a su garder dans son esprit toute la richesse de l'homme, l'Europe est une entreprise de destruction des relations humaines. De cette grande aventure africaine, je retiens deux choses essentielles :
les hommes sont faits pour le vivre-ensemble et non pour le chacun-pour-soi !
La transition des climats européen et africain et saisissante, on quitte un pays où le grand soleil brille tous les jours d'une clareté transparente, dès le petit matin, les thermomètres grimpent pour atteindre 34° à l'ombre vers midi et redescendre en soirée vers 24° si le vent se lève, la sensation de fraîcheur est immédiate si bien que les repas du soir en terrasse se prennent en intérieur...
On quitte un avion et sur la passerelle, la pluie fine et le froid humide vous prennent à la gorge...
on sort d'un pays de rencontres entre les hommes pour retrouver une solitude infernale et malicieuse
Ici, tout est anonyme, brève rencontres entre les villageois à l'épicerie du coin, quelques visites éparses en journée, rentrée du bois et allumage des inserts pour la soirée, avec l'heure d'hiver européenne, les nuits arrivent à pas de loups. Il est 19 heures, le soleil s'est couché, la nuit s'installe, au même instant, des africains profitent des langueurs océanes, le ciel est d'un bleu étincelant, les hommes palabrent, des taxis vont et viennent, des femmes vendent leurs produits au marché, des moutons broutent sur les chemins, des enfants jouent au cerceau...
une naissance,un cri,une douleur,un bruit, un coeur très doux,ami,un coeur qui bat la vie, je voudrais m'arrêter sur ce bonheur qui m'est donné , cette force jaillit de sa fragilité ne finit pas de m'étonner, balayer,balayer, balayer laisser ma détresse où elle est tout paraît beau, tout paraît léger comme si le monde avait changé. c'est la vie ,la vie,la vie oh,la vie eh elle est bien la divine amie nous dévisage et nous sourit: une caresse, une joie ,un sourire, une voix ,une main tremblante et moi une âme qui vit de toi je voudrais dire merci pour ce moment qui me grandit c'est comme si je n'étais jamais né avant cet enfant nouveau né balayer,balayer, balayer les blessures de mon passé tout paraît beau, tout paraît léger comme si le monde allait changé c'est la vie ,la vie,la vie oh ,la vie eh c'est du mystère de la magie je me sens père ça me ravit c'est la vie,la vie,la vie,oh la vie eh elle est bien là divine amie me donne des ailes et des envies c'est la vie ,la vie,la vie oh, la vie eh elle est bien la divine amie, nous dévisage et nous sourit c'est la vie ,la vie,la vie oh, la vie eh cette présence qui fait aussi une existence de ma vie c'est la vie ,la vie,la vie oh, la vie eh c'est du mystère de la magie je me sens père ça me ravit c'est la vie ,la vie,la vie oh, la vie eh elle est bien la divine amie me donne des ailes et des envies
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