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Aurélie,

Manon aura vingt ans, que le temps passera vite
Hier encore elle était si petite
Et ses premiers tourments seront tes premières rides
et tes premiers soucis

Chacun de tes vingt ans pour toi comptera double
Tu aura connu  tout ce qu'elle découvrira
Tu oublieras les choses qui la troubleront
et te troublaient aussi

On la trouvera jolie et voici qu'elle sera belle
Pour un individu presque aussi jeune qu'elle
Un garçon qui ressemblera à celui pour lequel
tu avais embelli

Ils se feront un jardin d'un coin de mauvaise herbe
Nouant la fleur de l'âge en un bouquet superbe
Il y aura bien longtemps qu'on t'aura mise en gerbes
Aurélie, le printemps t''oubliera

Chaque nuit qui te semblera à chaque nuit semblable
Pendant que tu rêveras tes rêves raisonnables
De plaisir et d'amour ils se rendront coupables
au creux du même lit

Mais coupables jamais n'auront eu tant d'innocence
Aussi peu de regrets et tant d'insouciance
Qu'ils ne demanderont même pas ton indulgence

pour leurs tendres délits

Jusqu'au jour où peut-être à la première larme
A la première peine d'amour et de femme
Il ne tiendra qu'à toi de sourire 
pour qu'elle te sourie...

texte adapté de Serge Reggiani