Les matins d'Afrique enchanteurs
Ce matin, je me suis réveillé tôt, muni de mon appareil photos, je me suis dirigé vers le centre de Saly, il y a d'abord cette longue route qui part de ma résidence et qui mène au rond point de la boulangerie "l'Epi doré" prenant à droite, on arrive dans le centre de Saly, le soleil s'est à peine levé que la vie commence de toutes parts, le petit vendeur de café est là depuis le milieu de la nuit entouré de ses fidèles clients (4 centimes d'euro la gobelet de nescafé sucré)
les hommes et les animaux vont et viennent, les taxis percent l'aube de leurs klaxons stridents à la recherche des premiers clients du jour, les petits talibès sont en quête de nourriture pour leur déjeuner que des passants et des vendeurs d'échoppes leur offrent gratuitement, le petits chevaux sont prêts pour les transports de marchandises, les putes dorment encore, les premiers enfants en tenue scolaire attendent le long de la grand route le bus qui les conduira à l'école, les trottoirs sont brossés, débarrassés du sable des ruelles de la grande cité, les éboueurs sont en action, le soleil est à peine levé, la luminosité est encore très faiblarde, mais le jour se lève pour les grandes rencontres des hommes, les poignées de mains sont à quelques minutes...
Je n'ai pas voulu rétrécir mes photos, elles ont toutefois été quelque peu ré-éclairées par manque de luminosité. Prendre des photos ici est souvent hasardeux, les africains n'aiment pas - avec raison - être pris pour cible par des européens peu scrupuleux de leur intime vie quotidienne...
Ici, le voyeurisme n'est pas de mise.
Tous ces bougainvilliers qui inondent toutes les rues
Ah ce petit vendeur venu du Mali proche... deux heures de repos par nuit.
vous voyez cet homme aux rayures jaunes et vertes, je l'ai rencontré...
il atterrit à Dakar hier puis fit les 80 kms de Dakar à Saly à pied pendant 4 jours
ICI, on rencontre les vrais hommes du monde...
et de très beaux bâtiments propriétés de blancs ou de libanais enrichis
on ne sait pas trop comment...
et tous ces bidons une fois recyclés seront revendus pour quelques sous
Mon ami Joe dit "Joe Calèche" promène déjà un petit client
et toujours des oignons à profusion
et le resto de la R.D.C fréquenté par les putes le soir, à part elles, les hamburgers y sont plus délicieux que dans la vieille Europe(le mot "putes" n'est pas péjoratif dans mon esprit)
et la grande pharmacie, la seconde de Saly, et mon amie, pédiâtre magnifique...
et un vendeur de café qui dort toujours
et la grande quicaillerie de sénéglais très sympas
et les agences immobilières qui sont légion
et qui ne sont là que pour piéger quelques "toubabs" innocents...
et ces ruelles de sable de la grande cité noire
et ces boîtes de nuit où se trémoussent blancs et putes d'un soir
et ces jeux de paris pour petits sénégalais rêveurs qui perdent l'avenir de leur jeunesse...
et l'hôtel "Le Flamboyant" qui accueille bien des mariages
et cette circulation qui va s'amplifier de minute en minute
et le célèbre"Petit Zinc" avec ses serveuses juvéniles et ses menus à moins de 10 euros
et toujours sur la gauche, ces ruelles infinies qui tracent le chemin des hommes pauvres et nus
et "Le P'tit St-Trop", un air de France, où mon jeune ami sénégalais "Loulou" tient le bar
et à gauche planté au coeur de la ville comme un mausolée, le cimetière,
les morts au milieu des vivants
et ces tombes dépravées comme le temps qui passe et détruit les hommes
et ces monticules de sable où repose une famille pour l'éternité
et par-ci par-là quelques rares épitaphes
et quelques enfants au loin qui déjeunent entre eux
et des dates indéchiffrables
et la prédominance de la foi musulmane, partout!
et ces moutons prêts à envahir la grande ville à la recherche de nourriture laissée par les hommes
et cet Hôtel de ville , majestueux, où se célèbrent les grands jalons de la vie des hommes
et ce petit commerce encore grillagé de la nuit qui agonise...
et ces cultures de baobabs nains qui grandiront pour atteindre le ciel bleu
et ces pots vendus à des touristes qui ne savent pas que leur exportation est interdite
et qu'ils en seront défaits par les douaniers à l'aéroport de Dakar
avant de s'envoler vers l'Europe
et ce grand resto rapide "Chez Joe" où ce n'est pas très fameux
et cette station radio au-dessus qui émet jusqu'au Mali tout proche
et ce minuscule bistrot de "ma petite congolaise"
et toujours ces portes infranchissables, ici on trouve toutes les populations d'Afrique
et ce grand soleil qui donne la Vie
et ce tout petit talibè qui se prépare à la mendicité de son pain quotidien
et ce regroupement d'artistes sénégalais qui vendent des souvenirs à des touristes piégés
et ce grand rond-point qui mène vers les grands complexes hôteliers pour blancs
et toutes ces plantations qui souffrent de déshydratation
et ce fameux Casino aux intérêts libanais et mauraitaniens,
une oasis, un mirage d'or en pleine pauvreté
et toujours ces boîtes de nuit où les patrons se succèdent à la prison de Thiès
pour dévoiement de mineurs
et ces petits commerces derrière lesquels niche la résidence "Plein Sud"
et ce bureau de Poste, l'unique de la ville
et cette tout nouvelle bâtise de la Gendarmerie nationale
demi-tour vers Paradis...ce tout petit enfant talibé, coranisé et perdu en pleine grande ville
et cet autre avec sa petite écuelle jaune, ils sont entre 20 et 50.000 au Sénégal...
et Saly qui s'est construite entre les baobabs
et ces sacs d'oignons importés d'Hollande, base du yassa
et une écuelle perdue près de "L'Esprit évangélique"
et toujours, souvent par petits groupes... les talibès
et tout est partage durant toute la vie
et ces talibès plus ados qui s'y croient déjà devant le plus petit
et on n'en finit jamais de vibrer de cet abandon d'enfants innocents
et le plus grand arbre du Sénégal, les baobabs en sont jaloux...
et "le Moloko" qui n'ouvre qu'à la tombée de la nuit
et cette ruelle sur la gauche vers le quartier de Saly-Coulang près de l'océan
et ces loueurs de quads pour touristes avides de fanfaronner dans grande la brousse environnante
et ce Casino où les produits français sont hors de prix et de portée des sénégalais
et toutes ces innombrables échoppes où l'on trouve TOUT
et ces éboueurs debouts à l'arrière du camion, pris de loin par prudence
et cette autre quincaillerie de "La Paix"
et cette "Pagode"
et cette image d'une douce tristesse et de toute la solidarité d'Afrique...
marquée au fer rouge dans ma mémoire de blanc...
et ces petites chèvres qui rejoignent les moutons dans toutes leurs cabrioles
et cette petite qui risque sa vie malgré la tout grande précaution des chauffeurs sénégalais
et nous, on mange n'importe quoi, même du carton...
et toi,le petit cheval qui attend les transports du jour
et toujours mes petits talibès qui sont toujours là...
et le petit vendeur de brosses
et toi,mon ami qui n'en finit jamais de désaltérer les passants de ton délicieux nescafé
et toute cette petite famille bien installée - mieux que dans un taxi d'Europe,
et le petit cheval qui les emmène vers le futur de leurs vies...
et TOI, petit talibè, qui m'attriste et qui m'encourage dans mon aide aux plus démunis
et lui, toujours pas levé, où est-il? je l'attends!
et ce grand rond-point de ma vie que je traverse chaque jour plusieurs fois
et ce long chemin qui mène à Paradis et qu'El Hadji parcoure chaque jour
et tout au bout, immense et magnifique...l'océan !
et ces résidences de "toubabs" qui s'enferment derrière les barbelés d'Allemagne
et tous ces pièges pour des voleurs qui n'arrivent jamais
Et ce baobab dont les fruits serviront à enrayer "le rhume du cul"
et
mais nous, la folie des hommes, on s'en fout,
restes près de moi,
tu sais bien que je t'aime!...
et si tu ne le savais pas, je t'aime toujours
Toi, qui ne sais plus qui je suis...et qui je fus...
et ces enfants qui sont l'avenir de l'Afrique...
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