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Le clan est constitué par tous ceux qui estiment avoir un ancêtre commun. Cette croyance a des conséquences extrêmement importantes : un homme et une femme appartenant à un même clan ne peuvent avoir de relations sexuelles. Dans le passé, celui qui transgressait cet impératif était condamné à mort...

A a tête du clan règne le chef, il est élu par l'ensemble du clan qui est lui-même dirigé par le conseil des anciens : les chefs de village, les chefs de sous-clans. Dès qu'il est élu, le chef devient une personne sacrée. Il 'a plus droit de marcher pieds nus, ni de s'asseoir par terre. Il est interdit de le toucher ou de dire du mal de lui. Le clan regroupe donc un nombre important de personnes, mais nous ne pouvons en voir et rencontrer qu'une partie, celle qui vit sur terre. les autres sont les ancêtres qui ont quitté les vivants mais qui continuent de participer à leurs vies. Le chef de clan est le grant de la bonne entente entre les deux parties intégrantes du clan: le monde des ancêtres et le mode des vivants.

Le chef tranche les disputes et règle les conflits. C'est donc aussi un juge : le chef attribue la terre aux familles pour qu'elles la cultivent. La terre est sacrée. La terre donne la vie, et le seul fait de donner la vie est sacré. Le chef jouit du respect suprême, il est entouré du conseil des anciens et ne peut prendre aucune décision sans avoir reçu son accord. C'est la démocratie africaine.

Le chef peut être démis de ses fonctions en cas de goinfrerie, ivrognerie, connivence avec les sorciers, mauvaise relation avec les hommes et gouvernement sans consultation des anciens.

Plusieurs clans forment une tribu

L'africain croit que l'homme est composé de deux éléments: de sang, dont il hérite de sa mère et d'esprit dont le donneur est le père, l'élément le plus fort est la composante sanguine, c'est pourquoi l'enfant appartient à sa mère et à son clan et non pas au père. Si le mari abandonne sa femme, elle rentre dans son clan de sorte qu'elle n'est jamais à la rue. Elle peut partir d'elle-même si son mari ne la respecte pas.

La famille est toujours nombreuse... quelques dizaines de personnes. L'essentiel est d'habiter au même endroit ou près les uns des autres pour passer du temps ensemble. Les nombreuses tâches sont exercées en collectivité. C'est une question de survie.

L'enfant est élevé au sein de la famille et du clan, au fur et à mesure qu'il grandit, les frontières de son horizon s'élargissent dans les limites de son clan.

En Afrique, chaque communauté a sa propre culture, son système de coutumes, sa langue et ses tabous, c'est pourquoi on ne peut parler de "culture africaine" ,  ces concepts n'existent pas car l'essence de l'Afrique est son infinie diversité.

Pour illustrer ce propos, j'ai eu maintes fois l'occasion de rencontrer les chefs de village. Tout commence avec Binta, une femme qui est la chef de ma tribu peule de Khonkhomma. Elle jouit d'un prestige certain, elle remplaça son père décédé en 2013, c'est chez elle que se règlent tous les conflits, elle a le même pouvoir qu'un chef de quartier.

La ville de Saly est divisée en de nombreux quartiers, chacun d'eux est dirigé par "un chef de quartier", on l'aperçoit par le drapeau sénégalais qui flotte au-dessus de sa demeure. Sa tâche est de régler tous les conflits de son quartier, de donner des conseils, même d'accomplir des actes civils comme des certificats de résidence qui seront contresignés par le préposé de la Mairie.

Ce processus permet à tout citoyen sénégalais de s'adresser directement à son chef de quartier. La mission de celui-ci est de veiller à maintenir la solidarité du groupe, en général, c'est une mission bénévole , le chef de quartier jouit de deux grands atouts: la proximité avec ses concitoyens et l'absence de toute prétention politique. Il est en quelque sorte un relais précieux entre ses concitoyens et l'autorité politique représentée par le maire de la ville.