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Quitter l'Afrique, c'est un peu brûler une terre qu'on aime... 



 Dans ma seconde année de régence, je fis une petite thèse sur "La psychanalyse du Feu" de Gaston Bachelard, cet humble facteur des postes françaises...

"La psychanalyse du feu", je l'ai relue mille fois...Il m'apprit beaucoup sur les notions humaines....

"Si tout ce qui change lentement s'explique par la Vie, tout ce qui change vite s'explique par le feu. Le feu est l'ultra-violent. Le feu est intime et universel. Il vit dans notre coeur. Il vit dans le ciel...Il monte des profondeurs de la substance et s'offre comme un amour, il redescend dans la matière et se cache, latent, comme tenu comme la haine et la vengeance...Il brille au paradis, il brûle à l'enfer, il est douceur et torture, ll est bien-être et respect...si l'enfant approche sa main du feu, son père lui donne un coup de règle sur les doigts. le feu frappe sans avoir besoin de brûler..ce qu'on connaît d'abord du feu, c'est qu'on ne doit pas le toucher"

"Presque toujours l'incendie dans les champs d'Afrique est la maladie d'un berger"

..."Et c'est toujours ainsi, par une sorte de plaisir de luxe, comme dessert, que le feu prouve son humanité, il ne se borne pas à cuire, il croustille,  il dore la galette, il matérialise la fête des hommes"

"le feu augmente le désir de changer.., de brusquer le temps, de porter toute la vie à son terme, pour lui, la destruction est plus qu'un changement, c'est un renouvellement. Le feu force l'amour et le respect, l'instinct de vivre et l'instinct de mourir.... l'amour, la mort et le feu sont unis dans un même instant. Par son sacrifice dans le coeur de la flamme, l'éphémère nous donne une leçon d'éternité"

"La mort totale et sans trace est la garantie que nous partons tout entiers dans l au- délà. Tout perdre pour tout gagner.

"Après avoir tout obtenu, par adresse, par amour ou par violence, il faut que tu cèdes tout, que tu t'anéantisses (D'Annunzio)

"Tout ce qui frotte, tout ce qui brûle, tout ce qui électrise est immédiatement susceptible d'expliquer les générations. C'est là sans doute un des plus grands miracles de la nature, que le feu le plus violent puisse être produit par la percussion des corps plus froids en apparence...la profondeur, c'est ce qu'on cache, c'est ce qu'on tait, on a toujours le droit d'y penser"

Si on enflamme quand on aime,c'est la preuve qu'on a aimé quand on enflammait ... 

"La chaleur est un bien, il faut la garder jalousement et n'en faire don qu'à un être élu qui mérite une communion, une fusion réciproque...La lumière joue et rit à la surface des choses mais, seule, la chaleur pénètre...le besoin de sentir domine le besoin de voir. Il faut placer la chaleur obscure dans toutes les fibres de l'être."

 "Le feu est plaisir pour l'enfant assis sagement près du foyer, il punit cependant de toute désobéissance quand on veut jouer de trop près avec ses flammes...c'était un matin d"'hiver dans notre pauvre maison. Le feu brillait dans l'âtre. On me donnait du sirop

de tolu. Le léchais la cuillère. Où sont ils ces temps de la chaleur balsamique et des remèdes aux chauds arômes !"

"Le sexe féminin est dépositaires de petite sphères humaines qui sont à l'ovaire.Elles sont une matière électrique sans action, sans vie; comme une bougie non allumée, ou un oeuf prêt à recevoir le feu de la vie, le pépin ou la graine : ou enfin comme l'allumette qui attend l'esprit du feu, le rêve de la fécondité sous la forme la plus sexuelle."

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