Dakar avec El Hadji, Mass et Pierre
J'écoute souvent « le petit garçon » de Reggiani Cela me ramène toujours à El Hadji.
Il est là allongé sur le divan, endormi...de fatigue...
Aujourd'hui nous sommes allés à Dakar, ce fut épuisant sous un soleil torride...Dakar, c'est une ville tentaculaire de 3 millions d'âmes, ici on la vie ne s'arrête jamais, les nuits sont comme les jours : moites, noyées de monde peuplée par une population bigarrée à l'extrême, des nantis croisent les plus démunis qui dorment sur des matelas de fortune de jour comme de nuit, le flot des voitures est infini, trouver une place de parking y est plus aisé qu'en Europe, dès qu'un petit sénégalais repère un emplacement, il le garde pour le prochain client qui lui laissera quelques centimes de Cfa...
Dakar est une capitale aux bâtiments immenses pointés vers le ciel, l'urbanisme y est vraiment sauvage, des buildings d'affaires jouxtent ceux des habitations, partout des constructions entrain d'être érigées, d'autres abandonnées, le temps de refaire un nouveau financement, ici dans tout le Sénégal, les propriétaires achètent une terre puis l'entourent de murs d'enceinte non par peur des voleurs mais afin de délimiter l'espace acquis définitivement, cela peut rester ainsi des mois, des années jusqu'au prochain financement qui lancera la construction de la maison, étage par étage, partout l'impression d'abandon de travaux, non ! On attend l'argent pour continuer, des mois, des années, parfois la végétation reprend le dessus sur les débuts de construction.
Lorsqu'on décide d'abandonner pour une longue période, on bouche toutes les fenêtres et portes avec des blocs non cimentés entassés les uns sur les autres, les constructions n'en finissent jamais, même une construction « terminée » voit se profiler aux murs supérieurs des tiges de fer qui serviront peut être à rehausser encore d'un étage supplémentaire...
A Dakar, il n'y a que quelques feux de circulation au centre ville, ailleurs, tout se fait selon l'amabilité des conducteurs sénégalais, pas d'emportement, tout se joue dans la réciprocité de la courtoisie. Les coups de klaxons ne sont dus qu'aux taxis qui appellent les clients
El Hadji est toujours endormi...je le laisse sommeiller sachant que lors du réveil, il devra prendre le chemin de sa maison (1/2h de route en taxi collectif) Il ne loge jamais à la maison.
On est là tous les deux seuls....perdus parmi les choses, seuls... On a joué à la guerre et tu t'es endormi...
La journée fut bien remplie, pour se rendre à Dakar, on prend la nationale à deux bandes remplies de camions maliens, de bus et de véhicules de toute sortes, on fonce vers Nguekokh et Sindia (40km) là au grand croisement on bifurque à gauche vers Popenguine et à quelques km on rejoint l'autoroute tout nouvelle vers Dakar, des paysages désertiques défilent de part et d'autre
Le Monument de la Renaissance africaine est un groupe monumental de 52 mètres en bronze et cuivre à Ouakam, une commune d'arrondissement de Dakar, sur l'une des deux collines volcaniques coniques qui surplombent la capitale sénégalaise, les Mamelles, la plus haute portant déjà le phare des Mamelles. Le monument représente un couple et son enfant, dressés vers le ciel.
Il est officiellement inauguré le 3 avril 2010 lors des cérémonies du cinquantenaire de l'indépendance du Sénégal.L'ouvrage, dont les travaux ont débuté en 2002, a coûté entre 93 et 15 milliards de francs CFA4 (15 à 23 millions d'euros). Il fait partie des grands projets du président Abdoulaye Wade qui veut la « dignité du continent ».
Il s'agit de montrer au travers d'une famille dressée vers le ciel, l'homme portant son enfant sur son biceps et tenant sa femme par la taille, « une Afrique sortant des entrailles de la terre, quittant l'obscurantisme pour aller vers la lumière ».
Le monument figure en effet une famille africaine résolument tournée vers le Nord-Ouest. La statue aurait été conçue par le sculpteur d'origine roumaine Virgil Magherusan.
El Hadji se réveille, il est plus de 20 heures, jamais, il ne fut si tardif pour rentrer chez lui...
"Il pleut sur le jardin, je vais faire du feu, je n'ai pas de chagrin... attends, je sais des histoires,
mais il fait un peu froid ce soir,
ne t'en va pas, ne me laisse pas...."
Pierre est belge, juif et ancien actionnaire de la brasserie Piedboeuf...il fut le représentant de sa brasserie les premières années du Paris-Dakar, affable, cultivé, étrangement efféminé sans plus, la soixantaine, il adopta l'enfant de sa fatou qui mourut dans son accouchement, Ablaye est un minuscule enfant, adolescent de 15 ans déjà dont Pierre assure tout le logement et l'éducation dans les meilleures écoles de Dakar. Ablaye vit chez Mass, un garçon tendre et droit qui veille sur lui lors des séjours de Pierre en Belgique et dans sa villa provençale...Mass est l'ami d'enfance d'El hadji...
"Ce soir, mon petit garçon, comme tu lui ressembles, elle n'est plus là, je sais des histoires...
on est là, tous les deux, perdus parmi les choses, dans cette grande chambre,
ce soir, elle ne sera pas là, je ne sais pas, je ne sais plus...attends..."
Quand je vous disais qu'à Dakar, il faisait torride, un soleil de plomb à midi, Dakar est une ville qui n'a pas été prévue pour accueillir ces trois millions de sénégalais, la ville manque très nettement de végétation, le béton y règne en maître...
Pour une visite de cette ville, il convient de se lever très tôt vers les huit heures du math et la quitter avant 16 heures, plus tard, les embouteillages sur son grand ring paralysent toute circulation et l'arrivée à Saly est en soirée...
Et je suis là, perdu avec un grand bébé sur les bras, étendu sur mon divan...
El Hadji est un garçon de 22 ans, il nourrit pour sa maman un amour d'enfant... sans doute a -t-il souffert du décès de son père dans sa tendre enfance, Ici, c'est très fréquent par le fait que les hommes sénégalais choisissent des femmes beaucoup plus jeunes avec comme résultat que beaucoup d'enfants sont élevés par leur mère. El Hadji est de ceux-là...22 ans avec la maturité d'un frêle pré-adolescent, des accents d'adultat très volatiles, un bébé... je m'efforce toujours de ne point heurter son innocence, sa candeur tout en l'aidant - par bribes - à l'aduler, à le responsabiliser dans la société de demain....
"Comme tu lui resembles, elle ne rentre pas, je n'sais plus, elle rentrera demain, peut être nous aurons une lettre...
on est là tous les deux...seuls"
Nous avons fait nos courses au grand magasin UNO (magasin de vêtements espagnols )- chers: 25.000 cfa le jeans... puis d'autres dans un supermarché à Sydia également espagnol, puis un petit resto perdu au centre ville (à Dakar, il ne faut pas rêver à prendre un verre sur un café terrasse...inexistant! Là, les prix sont dignes de sa capitale, comme en Europe...
Le grand ring nous attendait avec son autoroute jusqu'à Sindia puis la nationale vers Saly...
Ce soir comme tous les soirs, El Hadji s'en est allé vers Ngaparou rejoindre sa grande famille, il y a comme une absence triste...
"Non, elle n'est plus là, ne pleure pas...il pleut dans ma mémoire..."
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