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Il n'est pas de montagne plus haute que les marches de l'oubli

Tu es l'étincelle de ma violence (31)

Nous sommes de nouveau dimanche

Je n'ai pas dormi car hier soir, j'avais décidé de me séparer de mes somnifères.

Lever - café - cigarette. Robi décide de nettoyer notre cellule, c'est sa tâche, Roger et moi restons sur nos paillasses regardant Robi entrain de s'activer à tout astiquer, le sol, les portes, les vitres de notre fenêtre, une vieille chemise trempée et tordue dans l'évier de toilette en guise de torchon, ça sent bon, nous respirons mieux,

Dès que le dernier carreau de notre sol se sèche, nous mettons les pieds à terre pour nous attabler et entamer une nouvelle partie de carte, j'appréhende la perte de Robbi, j'en arrive même à tricher pour qu'il gagne: chaque partie gagnante se paie en coca...

Dîner: poulet venant en direct du "Grand restaurant" de de Funes - croquettes à peine cuites - salade vinaigrée à l'excès.

Je pense à eux, aujourd'hui, on vote en Belgique, il y aura un vote en moins!

Préau: dehors le froid et l'humidité nous transpercent à nouveau, il faut marcher, je veux dire tourner en rond pour se réchauffer, certains par groupes de deux ou trois tournent dans un sens d'autres dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Je vis mal ce dénuement.

On parle de salaires en prison, à Jamioulx, le travailleur à l'atelier peut se faire jusqu'à 500 euros par mois, à la cuisine, cela paie 387 euros...de quoi ravitailler sa cantine, son tabac, ses timbres, ses communications téléphoniques, le coiffeur...la location de la TV...par personne

Au départ, si vous n'avez pas d'argent sur le compte, on vous prête à la condition de rentrer vos tickets de demande une semaine à l'avance (tabac social), dès que l'argent arrive sur le compte, tout est déduit...chaque mois

Je repense à l'entrevue avec N qui l'informa qu'elle n'ouvrait plus mes lettres, pourtant, elle lui demanda s'il avait bien versé de l'argent sur mon compte, elle mentait effrontément car l'une d'elle contenait une demande de tabac social...

Ce petit garçon d'il y a quelques années, cet ado strudieux, c'est sur lui que tout repose, elle se lave les mains de ma misère, de mon abandon, de mon dénuement, c'est cet enfant qui porte TOUT

Insensible à mes souffrances, à mes déprimes, je dois apprendre à m'en détacher, elle est arrogante, susceptible, agressive, insultante, elle choisi les mots qui blessent comme des coups de poing, ma violence est au creux d'elle, elle en est l'étincelle!

Souper: poulet à nouveau, refroidi - pommes de terres salade noyées en mayonaise...

Dodo, la nuit, Roger se relève souvent pour griller une cibiche, je le suis et fais de même, nous filosophons sur nos vies de chiens battus, au lit!  transpiration, tête sous les couvertures déchirées.

 



16/12/2012
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