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Il n'est pas de montagne plus haute que les marches de l'oubli

Reprise: "L'enfance sorinnoise"

L'enfance sorinnoise

 

 

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Je suis né sous un manteau de neige dans un tout petit  village du Condroz entre Namur et Ciney.

C'était un dimanche et il neigeait sur  Sorinne-la-Longue, un jour de janvier 1947, le 26ème jour de ce mois  d'hiver.

Actuellement, le village de Sorinne fait partie du  « Grand Assesse »qui regroupe 7 communes dont Sorinne est la plus  petite d'entre elles.Avec ses 257 habitants, il occupe une superficie de 472 ha.Sorinne fut autrefois  une des multiples seigneuries dépendant de la principauté de Poilvache.La  commune actuelle fut détachée de la commune d'Assesse en novembre 1848 ...

je suis né 1 siècle après la naissance de mon village. j'ai terminé ma rhéto 1 siècle après la naissance de mon collège. 

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Mes origines paternelles

 

Mon père est né le 22 janvier 1905 dans une famille  pauvre de Maibelle au lieu dit « Ry de Cloquin » qui doit son nom à  une petite rivière qui traverse la commune.Mon grand père est mort vers 1912  bien avant ma naissance, je ne sais pas ce qu'il faisait, ma grand-mère est  restée veuve avec 5 enfants : 2 filles et 3 garçons.(Fernand – Esther –  Félix – Léopold – Luisa)Mon père avait un frère aîné qui s'appelait Fernand Wilmotte et qui devait avoir 20 ans en 1917. Lors de la première guerre de  14-18, il fut incorporé dans l'armée belge, il tomba d'un camion militaire et  fut tué.Sa mère, ma grand-mère ne s'en remit jamais et devint folle jusqu'à la  fin de sa longue vie.

Par les dires de l'enfance de mon père, je sais qu'à  l'époque de la première guerre, sa mère sans allocations de chômage, ni pension  de veuve, eut très dure pour nourrir sa famille .

Mon père dans son enfance a connu la  faim…

J'ai bien connu la maison paternelle : une maison  condruzienne avec une belle façade mais lorsqu'on entrait à l'intérieur, il n'y  avait absolument aucun confort, la plus grande partie du bâtiment était réservé aux animaux, je suppose qu'ils vivaient de leur bêtes.

Il n'y avait pas d'électricité dans la maison,  l'éclairage était un quinquet à huile.

Quand à l'âge de 12 ans, je visitais avec mon père ma  grand mère qui vivait seule dans cette minable maison,  mon père me conseillait de refuser sa jatte de café.

Je compris par après qu'il lui arrivait parfois de  vider une partie de la charbonnière dans le filtre à café…

Lorsque j'avais 14 ans, je me souviens que les 4 enfants  survivants avaient décidé de ne plus laisser ma grand-mère seule : elle  faisait donc un séjour d'un mois chez ses 4 enfants en tournantes.Ma mère, qui  avait vécu la maladie de ma sœur Gilberte, faisait des dépressions à chacun des séjours de ma grand mère chez nous...

elle  gémissait du matin au soir.

Elle était incontinente et déraisonnait sans arrêt.

Cette femme a vécu un long calvaire, elle devait être  très belle dans sa jeunesse  et très bonne pour sa famille.Mon père a  toujours préservé ma grand-mère au détriment de la santé de sa femme.Chez nous,  ceux qui viennent avant doivent être protègés avant ceux qui viennent après.

Je n'ai jamais compris pourquoi durant de longues  années, mon père et son frère qui habitaient le même village ont laissé vivre ma  grand-mère dans un véritable taudis.

Elle s'est éteinte  un jour de mai et je ne me  souviens pas de son enterrement.

 

Mes origines maternelles

 

Ma grand-mère  s'appelait Felicie Lamoline.Mon grand père s'appelait Jean Moreau

Je ne sais  par quelle faute administrative ma mère fut appelée Irma Moureau..

Comme mon  grand père paternel, je n'ai pas connu non plus mon grand père maternel, il  doit être mort juste avant ma naissance.Ce que je sais de lui est qu'il était  très autoritaire.Je suppose qu'il élevait des chèvres car son sobriquet était : "d'jean gate". Lorsque ma sœur entra en clinique à Namur, c'est ma grand mère qui vint m'élever avec ma cousine. Je me souviens qu'un jour, je l'avais renversée avec mon vélo trois roues. Cette femme était l'image de sa fille, son visage exprimait toute la bonté du monde, je me souviens de ses longs cheveux blancs qu'elle torsadait en chignon.

Elle dut mourir lorsque j'avais à peine cinq ans, j'ai le souvenir de son enterrement, son cercueil déposé sur un chariot tiré par des chevaux habillés de deuil...

 

La perte de ma sœur unique

 

J'ai donc vécu toute mon enfance et mon adolescence dans ce joli village de Sorinne-la-Longue qui comptait quelque 300 âmes, avec mes parents et ma sœur, nous formions une famille très solide, je me souviens de  tous les repas de ma mère, de ses tartes aux fraises comme de ses faisans au beurre, de sa gentillesse, de son art de la couture, elle fabriquait d'ailleurs tous mes vêtements (elle avait suivi des cours de coupe à Namur), je me souviens de mon père décédé en 1982, de sa passion pour le grand jardinage, de ses génisses, de son art de vivre, de son amour pour nous trois.

Je me souviens de nos nombreuses parties de cartes où la partie perdante coûtait 25 centimes...

Et voici que je vis l'absence des trois personnes qui ont bercé mon enfance, c'est un sentiment de profonde déchirure et je ne parviens pas à m'en guérir...

LA VIE NE FAIT PAS DE CADEAU



24/01/2015
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