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Il n'est pas de montagne plus haute que les marches de l'oubli

Rêves de sang - Murmures (auteur inconnu)

REVES D'AFRIQUE   (auteur inconnu)

 

On ne sait quand commence le voyage peut-être était-il déjà amorcé avant de fouler la terre Afrique mais on sait qu’il est contenu dans chaque seconde comme une attente.

 

Le tissu de nos vies file sans reprise ouvre un espace où s’y glisser comme les mots qui défilent à la queue leu leu en débâcle en orage ou flambée de sons

 

On ignore parfois qui vient nous remuer mais la sensation est là le soleil est là voilà des signes nous rattachant au vivant

 

Comment entrevoir la beauté dans ce champ de misère on perd l’usage de la langue veut traquer ce qui se dissimule dans l’insaisissable tout en émoi une main d’utopies bouillonne d’images

 

L’être humain n’est-il qu’une saison fragile non affranchi Cotonou parfum décapant troubadours modernes clowns amuseurs publics ou saltimbanques font chanter la caravane des poètes c’est là que le temps s’arrête au milieu des percussions rien ne presse

 

Voyage à l’envers des jours et des mots repères en zigzag ton verbe devient noir

 

Amassées dans leurs filets ondulent des maisons sur pilotis enfants tirant les pirogues s’endorment contre le ciel pour dire d’où viendra le vent

 

Marché de vannerie de poterie objets fétiches ballade en mémoire visages plissés vieillis prématurément par ces routes de feu et de sang

 

On entend du fond de la nuit des voix palpitantes comme si les ombres des Anciens venus d’un autre siècle sortaient de leur repaire coulées de boue d’âme et d’air tourbillon de poussières

 

Que valent nos mots sur la place de l’Étoile-Rouge faut-il les remettre dans la balance les trier hors du banal

 

La bouche de l’univers souffle l’abandon l’enfant luttant contre sa mort interroge le gouffre à ses côtés

 

Des instants à serrer de près contre une poitrine nue pour en éprouver l’extrême réalité

 

Martiniquais à l’œil vagabond le photographe capture des scènes de rue à travers des flots de Zémidjans pour défier l’imaginaire

 

Un mendiant implore des jours meilleurs

 

Derrière des baraques une femme atterrée emporte avec elle un lourd secret

 

D’un unique trait le jour la nuit redessinés par le soleil noir en une seule oeuvre À l’orée de la Porte de Non-Retour un peuple d’écriture et de tatouages défait nœuds et chaînes crépuscule d’un ombrage de vie

 

MURMURES   (auteur inconnu)

 

J’écoute les vibrations de la terre se gonflant de nouveaux sons ta voix éclats de rire parle sans parler la langue  

Dans le silence je l’entends il en va ainsi d’une étoile qui au matin se dissout

Tes paupières de Rimbaud nègre brûlant d’avenir font danser la mer de vague en vague

Vacille la nuit musclée entre contes et légendes au détour d’un mot se dérobe dans la cuisse

Un étrange sorcier dans l’absence de bruit alchimise ces fragments de vie en révélation

L’instant échappe au temps institue sa propre loi au-dessus du lac Nokoué murmure à l’oreille aimer est une prière noire

Au rythme du tam-tam des peaux nues brillent comme une affiche

Tu ébauches des histoires au bord du lit fuis le monde étroit qui nous est assigné

Contre les jours espérés tu sculptes des paroles inventes une musique pour délivrer les dieux étouffés

Soufflent les ancêtres parmi une avalanche de mots cherchant l’oasis de lumière près de l’Arbre de l’oubli

Cascade de voix brisées goût de feu à la gorge frousse à la bouche

Même aveuglé tu vois qui menace dans l’obscurité tu appartiens à cette autre langue si proche et si lointaine

Elle devient racine plante se reflète sur la paroi de tes yeux diamants noirs pourquoi s’adonner à ses jeux dis-tu suis-je ainsi plus près du réel que le réel

Si un œil colle à chacun de mes pas c’est pour mieux percevoir l’univers intime dont tu imagines chaque centimètre



06/01/2018
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