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Il n'est pas de montagne plus haute que les marches de l'oubli

Le retour au milieu de mes amis peuls

Hier samedi, je pris la décision de grand matin de retrouver mes amis peuls de Khonkhoma, partir à Khonkhoma, c'est toute une aventure...

Parfois le voyage aller dure à peine 35 minutes, parfois des heures, tout dépend de la direction des taxis collectifs, un premier taxi de Saly vers M'Bour 7 kilomètres pour 0,15 euro

A ce grand carrefour, changement de direction, des sénégalais rabattent leur clientèle à grands coups de voix: "Dakar, Dakar, Dakar"... Thiès, Thiès, Thiès"...

Des voitures attendent d'être bondées de clients, il faut toujours discuter le prix, les sénégalais aiment le "wacale. Quelques mots en wolof font immédiatement baisser les prix

je choisis Dakar avec arrêt à la grande bifurcation de Sindia (à 1km des peuls) 1,50 euro pour 18 kilomètres...

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La route a deux bandes est très dangereuse, des tas de camions venant du Mali proche l'inondent chaque jour, les conducteurs sont rapides, parfois imprudents, leur temps c'est de l'argent (certains font cet aller-retour Dakar (160km) quatre fois par jour et même la nuit...

Arrivé à la station de Sindia, comme une tradition, je bois une gazelle bien fraîche (l'alcool n'est pas bien vu dans la tribu)

Puis quelques achats de fruits de légumes au petit marché, puis la provision de bonbons pour les enfants du village...et de l'eau en bouteille pour accompagner mes repas ('(eau des peuls n'y est pas très potable cependant eux sont vaccinés contre toute dysenterie!

 

De là, les années apassées, je traversais la grande brousse à pied sous le soleil tapant, cette année j'ai choisi faire ce petit kilomètre en Djakata (petits sénégalais qui vous transportent à l'arrière de leur petite moto pour 0,15 euro...

 

Dèjà à Sindia, à chacune de mes arrivées, des femmes du village m'accostent, "Guy, tu es là!" Le tam tam résonne au loin sous le majestueux baobab

Le village est accosté le long de la grand route vers Thiès puis s'enfonce dans la brousse voisine du Parc animalier de Bandia, au centre du village, très souvent des singes se posent à la cime des arbres.

Je ferai bientôt le plan cartographique de ce village et de ses habitants. (tout un travail en vue)

Il y a deux choix d'entrée, soit tout près de la grand route chez mon ami le grand Mamadou avec ses deux femmes et tous ses enfants, soit par une ruelle transversale vers l'école et la place du village.

 

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Cette fois, ma première visite sera chez Mamadou que j'ai averti à partir du taxi.

L'accueil de ses enfants est extraordinaire, chargé de toute l'émotion qui me traverse de fond en comble, je leur suis devenu familier, comme un grand frère ou un tonton, comme un saint-Nicolas avec sa hotte de bonbons... et puis les femmes et les des filles aînées qui ont déjà appris (c'est la coutume chez les peuls) à associer la poignée de main à une courte et rapide déférence.

Et puis le grand Mamadou qui règne sur sa grande tribu, pétri de gentillesse pour chacun de siens.

Les conversations vont bon train, distribution de bonbons, j'en achète par paquets de 250...

 

Et puis la présentation des enfants blessés, sa petite fille de trois ans a reçu du thé chaud sur la jambe il y a quelques jours, il y a déjà un mince début de cicatrication mais la plaie est encore vive, il faut soigner, laver à l'eau sans savon, désinfecter, découper à la lame chauffée au briquet les croûtes environnantes, puis "re-désinfecter" à l'alcool à 35°, puis bander énergiquement et ligaturer le tout, j'emportais justement quelques vêtements, une paire de chaussons pour bébé fera l'affaire, il fait éviter le sable!

Il n'y a pas d'infection latente, pourtant, je me décide à administrer un anti bio, là, la tout grande prudence est de mise, âge, poids de l'enfant, médicament coupé en quatre puis écrasé en une mince poudre, dissoute dans de l'eau saine, la fillette est maintenue par ses grands frères, elle hurle... on doit la forcer à avaler ce liquide imbuvable mais guérisseur.

 

Toutes les recommandations sont données aux mères: le reste est à administrer le lendemain, je veille à ce qu'elles le dissimulent bien hors de portée de tout enfant.

 

Chaque enfant vient à son tour pour des égratignures bénignes, de petites lamelles de bois enfouies sous la peau des doigts de pied, il faut extraire et l'opération recommence, l'autre souffre d'une dent carie, anti douleur efferalgant codéïne sécable...le tour du village peut commencer...

Partout, je m'attarde aux cris d'enfants fusant de chaque petite hutte, distribution de bonbons toujours...mon stock se vide à la cadence de mon avancée vers ma grande soeur Wolé...

 

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Arrivée à pas de chat à la plage du village où trône la maison de Binta la chef de tribu qui est absente. Je surprends Wolé entrain de lire un roman en français. Nous sommes ravis de la rencontre commune si longuement attendue... trois mois... un siècle, une éternité, des années lumière...(je lui avais dit que je quittais pour toujours...)

 

J'avais appris à la fin de mon séjour précédent que Wolé attendait un joyeux événement (le géniteur est un membre de famille proche, chez les peuls, les relations incestueuses sont monnaie courante et n'appartiennent pas à nos morales occidentales.

 

L'enfant est une fille de deux mois, j'apporte des vêtements tout neufs de premier âge grâce à une association d'Eymet en Dordogne. Les premiers essais se font de suite malgré le réveil plaintif du bébé. 

 

Le grand dîner se prépare, des femmes s'activent à la fameuse thieboudienne journalière, on pile tous les légumes, même les oignons, on fourre les poissons incisés, tranchés sur les deux côtés, tout ira mijoter dans la hutte qui sert de cuisine sous un petit feu de grandes branches entrecroisées de bois. Cette fois, je ne rendrai pas le repas chez Wolé car je suis invité chez Mamadou

même cérémoniel, nous sommes douze à manger au plat commun, assis sur une natte de fortune à l'ombre des arbres qui nous protègent du grand soleil de midi.

 

L'après-midi, nous partons vers Popenguine avec Mamadou, encore toute une expédition qui s'annonce

 

A la tombée de la nuit, nous nous quittons sur la place de Sindia et je m'enfonce dans un taxi vers Saly, la route sera interminable au pas car nous sommes mêlés à tous les pèlerins qui se rendent à Touba,(Touba est une ville sénégalaise et la capitale de la confrérie musulmane des mourides. Elle se situe à 194 km à l'Est de la capitale Dakar)  notre chauffeur commet des imprudences, je ne suis pas à l'aise, l'embouteillage devient plus dense, tant mieux, un vague sentiment de sécurité revient à mon esprit.

 

Le rond Point vers Saly est déjà en vue! je suis sain et sauf. Heureux

 

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(Des photos suivront pour illustrer cet article)

 

 



29/11/2015
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