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Il n'est pas de montagne plus haute que les marches de l'oubli

Gorée, la mémoire de l'esclavage

Trois siècles durant, de nombreux africains ont été réduits à l’esclavage

et embarqués, à partir de l'île de Gorée en direction du continent américain.

 

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L’île de Gorée est un petit morceau de basalte posé sur l’océan, abrité de la grande houle atlantique par la baie que forme la presqu’île du Cap-Vert. L’île a la forme d’un jambon et possède une plage par laquelle il est aisé de débarquer. Elle mesure moins d’un kilomètre dans sa plus grande longueur pour environ 300 mètres de largeur. Elle abrite aujourd’hui près de 2000 personnes, qui vivent  dans la partie basse, dominée par une colline appelée Castel, dont l’un des versants forme une falaise abrupte d’une trentaine de mètres de hauteur. 

Cette petite île de 28 ha située à 3,5 km au large de Dakar cristallise les douloureuses mémoires de la Traite atlantique.

 

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L’aspect physique de Gorée : au premier abord apparaît l’harmonie du site naturel avec les forts et les édifices publics aux lignes classiques, et surtout avec les maisons parées de toutes les teintes de vieux rose, qui laissent deviner, entre leurs arcades, le bleu de la mer et le vert des jardins intérieurs, où, à l’abri des vents atlantiques, s’ouvrent les vérandas à colonnes, les escaliers en fer à cheval, les allées de basalte poli.

 

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«Gorée aujourd'hui, c'est une grande famille dans laquelle tout le monde connaît son voisin » et vit en harmonie avec lui, comme le résume Mamadou Diop, un Goréen amoureux de son île. La vie sur ce bout de roche de 17 hectares, c’est aussi une ambiance calme, dans un monde éloigné du tumulte dakarois où le seul véhicule déambulant dans les ruelles est une charrette tirée par un âne. Pour comprendre l’île et capter tout son charme, il faut s’y arrêter, prendre son temps. Il faut y vivre la tombée de la nuit, déambuler dans les ruelles entre les bâtisses coloniales prenant leur teinte pastel quand le soleil se cache derrière Dakar. Boire un jus de bissap en échangeant avec une famille de Goréens quand la température baisse et que les baigneurs agglutinés sur la plage principale ont repris la dernière chaloupe. Une impression de calme et de sérénité se répand alors, le temps semblant se figer pour le millier d’insulaires."

 

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Un grand nombre de ces maisons abritaient, dans leur sous-sol, l’esclavagerie où étaient parqués hommes et femmes, le plus souvent jeunes, destinés aux plantations et aux ateliers des Amériques. Dans des caves humides et sombres, ou dans des cachots de torture pour ceux qui se révoltaient, les déportés séjournaient durant des semaines, dans l’attente du voyage sans retour.

Là, au moment d’embarquer, chaque esclave était marqué au fer rouge, à l’emblème de son propriétaire. Puis les esclaves étaient entassés dans les cales, où beaucoup d’entre eux devaient périr avant l’arrivée à destination.

 

Ainsi, après avoir été, entre l’Afrique et les Amériques noires, le trait d’union symbolique de la désolation,

Gorée devient-elle peu à peu un symbole d’espoir,

vers où, de plus en plus nombreux, convergent aujourd’hui,

en une sorte de pèlerinage, les descendants des déportés de jadis,

en quête de leurs racines

et tous ceux qui entendent puiser dans son histoire les raisons d’une nouvelle solidarité des peuples.

 

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Gorée a gardé, des souffrances et des joies qu’elle a ensemble abritées, comme une faculté de surmonter les épreuves, d’absorber le malheur dans la respiration régulière de l’océan. De même, à travers les diverses périodes qu’elle a traversées, Un tel endroit, s’il appartient à l’imaginaire vivant de l’Afrique et des Amériques, appartient, dans une égale mesure, à la conscience du monde. Il peut devenir une terre de méditation, un haut lieu de réflexion et de recueillement, où les hommes, plus conscients des tragédies de leur histoire, apprendront mieux le sens de la justice et celui de la fraternité.

 

LA MAISON DES ESCLAVES

 

Construite par les Hollandais en 1776, la célèbre Maison des esclaves de l’ile de Gorée symbolise ainsi tout ce drame et conserve encore aujourd’hui les traces de ce lourd passé colonial. La Maison des esclaves a donc valeur de symbole de tous les esclavages et constitue un lieu de recueillement et de mémoire important. L’ile de Gorée est donc un lieu de « pèlerinage » très apprécié par la communauté noire américaine qui vient ainsi à la recherche de ses racines.

 

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Elle conserve encore toute la poignante réalité de ce pan de l’histoire universelle. Cette maison aurait été la dernière esclaverie en date à Gorée. La première remonterait à 1536, construite par les Portugais, premiers Européens à fouler le sol de l'île en 1444. Au rez-de-chaussée se trouvent les cellules (hommes, enfants, chambre de pesage, jeunes filles, inapte temporaire). Dans celles réservées aux hommes, faisant chacune 2,60 m sur 2,60 m, on mettait jusqu’à 15 à 20 personnes, assis le dos contre le mur, des chaînes les maintenant au cou et aux bras. On ne les libérait qu'une fois par jour afin de leur permettre de satisfaire leurs besoins, généralement dans cette maison, ils y vivaient dans un état d'hygiène insupportable.

 

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L'effectif dans cette petite maison variait entre 150 à 200 esclaves. L'attente de départ durait parfois près de trois mois, ces esclaves ayant affaire à des voiliers pour leur transport. Dans cette maison, le père, la mère et l'enfant dans les cellules étaient séparés. Tous partaient vers les Amériques, mais le pays de destination dépendait des besoins des acquéreurs, le père pouvait — par exemple — partir en Louisiane aux États-Unis, la mère au Brésil ou à Cuba et l'enfant à Haïti ou aux Antilles. Ils partaient de Gorée sous des numéros de matricule et jamais sous leurs noms africains.

 

Le regard du visiteur est immédiatement attiré par une ouverture lumineuse au milieu du couloir central. Donnant de plain pied sur la côte rocheuse, c'est la porte du « voyage sans retour », là où les esclaves embarquaient pour une vie de souffrances dans le Nouveau Monde, dont beaucoup mourraient en mer, encadrés par des gardiens armés au cas où ils auraient tenté de s'évader.

 

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De De nombreuses personnalités firent le voyage, tels le président du Sénégal Abdoulaye Wade, son prédécesseur Abdou Diouf, les présidents Omar Bongo, Houphouët-Boigny, Lula, François Mitterrand, Jimmy Carter, Bill Clinton et George Bush20, l'empereur Bokassa Ier, l'impératrice Farah Diba et sa mère, le roi Baudouin et la reine Fabiola, Michel Rocard, Jean Lecanuet, Lionel Jospin, Régis Debray, Roger Garaudy, Harlem Désir, Bettino Craxi, Nelson Mandela, Jesse Jackson, Hillary Clinton et sa fille, Breyten Breytenbach, les chanteurs James Brown et Jimmy Cliff, la famille Obama etc. Le pape Jean-Paul II déclare le 22 février 1992 dans son discours à la communauté catholique de l'île : « des hommes, des femmes et des enfants noirs ont été victimes d'un honteux commerce auquel ont pris part des baptisés, mais qui n'ont pas vécu leur foi. Il convient que soit confessé, en toute vérité et humilité ce péché de l'homme contre l'homme, ce péché de l'homme contre Dieu.  Nous implorons le pardon du ciel »

 

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Goree est Une Prière

 

  Mais dis-nous

  Qui les a vus les revenants de la nuit ?

  Les Esprits de la forêt  0h pygmée.

  Les revenants de la nuit

  Qui le jour clair, 

Comme les chauves-souris qui sucent le sang des hommes, 

Demeurent accrochés aux parois lisses des grandes  cavernes 

Dis-nous qui les a vus ? 

Sous la forêt qui pleure, sous. le vent du soir

La nuit toute noire s'est couchée joyeuse pygmées  Neferkare !

Tu es lumineux ! 

Ce qui est à toi sur terre luit :  Dieu voici désormais venir toujours 

Et vous défunts d'au-delà de ce monde!

Sachez le !

Dans les sarcophages,

Je suis hier

  Et je connais demain 

Je suis la foudre blanche

  Qui gronde après la pluie sur le Basuto 

Vous qui commandez aux eaux

Esprit des eaux 

Vous tous qui m'obéissez

C'est moi qui vous  appelle sur les terres du pays Fang 

Ô toi Tsuigoa 

Toi père des pères 

Tu es notre père 

A nous du pays des hommes de petite taille. 

Fais que les nuages apportent la pluie. 

Fais que je mange les fruits de la terre.

  N'es-tu pas notre père le père des pères ?

Et voilà qu'il est temps baton qui aime l'eau

  De planter et de faire croître entre Oakha et Kulikuli

  Bonne brousse cultivateur de petit mil

  Cultivateur de riz  Cultivateur de coton 

Le Masque a pleuré !

  Q’Ama te donne donc longue vie à toi masque nouveau 

Que la terre du Hogon te donne donc longe vie. 

A toi Masque Nouveau 

L'Homme mange et dort.

Il meurt. et c'est le grand froid. 

Que les génies Hogon te donnent longue vie 

Tu es une voix forte 

Tes yeux sont le soleil  Kumba Bang 

Donne nous la paix 

Donne nous longue vie 

A force d'avoir esclave  erré à travers le monde

  Exilé par jugement

  Vendu selon la loi 

Je suis redevenu liberté

  Je suis Gorée  (Professeur P. Diagne)



07/01/2018
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